BNF et la chanson des gares
Quelle serait une image appropriée pour représenter BNF (bâtiment, objet, animal…) ?
Dans sa chanson "Ds Lied vo de Bahnhöf" ("La chanson des gares"), Mani Matter parle d’un train que l’on attend, et qui est soit déjà parti ou qui n'est pas encore arrivé. On ne sait pas quand le prochain train viendra, puis il passe soudain si vite que l’on sent seulement le souffle de son passage et que le chef de gare a déjà retiré sa casquette.
Le travail à l’université dans le domaine de la recherche et de l'enseignement peut également se terminer à un arrêt sans aucune correspondance. La carrière universitaire, avec ses postes souvent limités dans le temps, comporte certains risques : outre la soif de découverte, l'excellence académique, un fort engagement intrinsèque et un profil de chercheur / chercheuse autonome, il faut souvent de la chance pour se trouver sur le bon quai au bon moment. Bien que les hautes écoles multiplient les places «tenure-track», qui proposent, après une période d’essai, un poste à durée déterminée avec un professeur / une professeure ou un/une maître de conférences, la concurrence reste féroce. Celles et ceux qui travaillent comme postdocs pendant quelques années après leur doctorat doivent planifier à temps les prochaines étapes de leur carrière, se constituer un réseau et veiller à acquérir de l'indépendance scientifique. En outre, les attentes concernant la mobilité et la nécessité de ne pas risquer de perte grave au niveau des productions scientifiques restent encore et toujours élevées, d’autant plus avec la présence d'une famille. Et si cela ne marchait pas, ou si on décidait autre chose, ou si le Plan B d’un transfert vers l’administration universitaire ou vers un emploi non universitaire ne fonctionnait pas sans une escale ?
C'est alors que BNF entre en jeu. Cette abréviation quelque peu énigmatique ne signifie pas "Bahnhof" (gare) mais est passée, au fil du temps, de "Biomedizin, Naturwissenschaft, Forschung" (biomédecine, sciences naturelles et recherche) à "Beraten, Netzwerken, Fördern" (Conseiller, Développer le réseau, Encourager). Il y a 15 ans déjà, dans ma fonction de secrétaire exécutif de l’Association du Corps Intermédiaire de l'Université de Berne, j'avais trouvé le programme BNF extrêmement utile et j'y faisais référence dans mes conversations avec des collègues lorsqu'une réinsertion nécessitait un soutien ou que le train académique était parti. Depuis lors, BNF n'a cessé de se développer, comme je le constate depuis plusieurs années lors d’échanges directs dans ma fonction de membre du comité consultatif de BNF. Plusieurs centaines de projets BNF témoignent de l'engagement et du professionnalisme de ce travail.
Les compétences recherchées par le marché du travail ne font pas toujours partie, s’il n’y a pas un lien direct, des qualifications clés qui comptaient auparavant. Ou peut-être que les compétences nécessaires ont été acquises, mais qu'elles ne sont pas suffisamment mises en valeur pour avoir du succès lors d’un processus de candidature. Pourtant, les universitaires ont beaucoup à offrir : des compétences organisationnelles, un travail structuré et concentré sur une longue période, une communication axée sur les objectifs, une compréhension rapide et la pratique des techniques les plus récentes font partie des exigences de base. Ce qui concerne le marketing de soi n'en fait pas forcément partie, car, bien que sympathique, cela est souvent moins requis dans un contexte universitaire. Et pourtant, certains demandeurs et demandeuses d’emploi ont de la peine à accepter que leurs recherches ne portent pas leurs fruits et se demandent quand l'occasion se présentera enfin de montrer ce dont ils sont capables.
C’est pour cela que, dans une telle situation, pour que le voyage continue, pour que l’on étudie les horaires, pour que l’on emporte les bagages adéquats et que l’on prenne le bon train, il y a la gare BNF.
Matthias Hirt, Dr. phil., Comité consultatif de BNF, Coordination de la promotion de la relève académique, Université de Berne